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Conseil Agricole Vers un ajournement du marathon européen sur la réforme de la PAC

LUXEMBOURG, 12 juin (AFP) - Les ministres de l'Agriculture des Quinze s'orientaient jeudi soir vers un ajournement à mardi ou mercredi prochains des négociations marathon de Luxembourg sur la réforme de la politique agricole commune (PAC), faute d'avoir réussi à avancer suffisamment sur la voie d'un compromis.

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La perspective d'un tel report, évoquée par le ministre français Hervé Gaymard, a été confirmée par l'entourage du commissaire européen à l'Agriculture Franz Fischler, qui a toutefois précisé que la décision n'avait "pas encore été prise formellement".

"On a deux options: soit on dit qu'on arrête après dîner et on rentre à la maison, soit on continue demain", a résumé une source proche du commissaire.

Au terme de deux jours de négociations de coulisses la présidence grecque de l'UE, M. Fischler et chacun des ministres, un dîner crucial devait réunir à huis clos jeudi soir l'ensemble des protagonistes, sans collaborateurs.

M. Gaymard a jugé "possible" que les discussions soient suspendues dès la fin du repas. "Il ne me semble pas raisonnable d'estimer que les choses puissent s'accélérer de façon décisive dans les heures qui viennent, donc j'imagine que nous nous orientons vers une nouvelle rencontre la semaine prochaine", a-t-il déclaré.

Il a précisé n'avoir eu, pendant sa rencontre jeudi midi avec son homologue grec Giorgios Drys et Franz Fischler "aucune indication selon laquelle leur position pouvait bouger".

"Je ne sais pas si nous aurons ce soir, demain, dans la nuit un nouveau texte de la présidence grecque (...) Je pense que continuer demain toute la journée si on n'a pas de propositions nouvelles sur la table n'a pas grand sens", a-t-il estimé.

"Soit on a un papier révolutionnaire ce soir, auquel cas cela veut dire que la Commission veut accélérer le mouvement et qu'on peut travailler sur quelque chose. Soit on n'a pas de papier ou alors on a un papier de la même eau que celui d'hier et à ce moment là, il n'y a rien de changé sous le soleil", a-t-il conclu.

La France et plusieurs autres pays, notamment l'Espagne, l'Irlande et l'Italie, ont rejeté jusqu'ici le premier compromis mis sur la table mercredi par la présidence grecque, qui ne revenait que timidement sur l'idée phare de M. Fischler de découpler totalement les aides directes aux agriculteurs du niveau de production.

Dès jeudi matin, le ministre irlandais Joe Walsh avait jugé improbable d'"arriver à un accord cette semaine".

Selon des sources concordantes, M. Gaymard a proposé jeudi à MM. Fischler et Drys un "découplage partiel" des aides, qui toucheraient 60% des primes à la production de céréales et 40% de celles à la production bovine, en excluant les primes à la vache allaitante et à la production laitière.

"On est entré dans le vif du sujet. Nous sommes maintenant dans une ambiance de travail", a-t-on indiqué dans l'entourage du ministre français.

De sources proches de M. Fischler, on estimait jeudi soir la France, acteur clé de la négociation en tant que principale bénéficiaire de la PAC actuelle, avait fait "un long chemin" sur la voie d'une réforme.

"Mais bien sûr, ce n'est pas suffisant pour nous. Nous ne pouvons pas vivre avec ça car cela causerait plus de problèmes que cela n'en résoudrait", a déclaré l'une de ces sources au sujet des propositions de Paris.

Inquiet du risque que l'entente franco-allemande sur la PAC annoncée mardi par le président Jacques Chirac et le chancelier Gerhard Schroeder ne vide son projet de sa substance, M. Fischler a accentué sa pression sur les Quinze en les appelant à ne "plus faire de funanbulisme".

"Deux Etats membres ne peuvent pas dicter aux autres ce qu'il faut faire", a-t-il déclaré, évoquant le spectre de voir l'UE, faute d'accord rapide, "cantonnée à voyager en seconde classe" dans les négociations internationales de septembre à l'Organisation mondiale du commerce (OMC).


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